samedi 10 août 2024

ALLAN BARBERIS aka LE BRISEUR DE PHALANGES

 


1. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Allan Barberis, j'ai 31 ans et je suis passionné de sport, principalement de sports de force. Je pratique le bras de fer sportif à haut niveau et, depuis plusieurs années, je suis considéré comme le meilleur bras droit français, toutes catégories confondues.


2. Quel est ton parcours sportif avant d'arriver là où tu es aujourd'hui ?

Depuis tout petit, j'ai toujours été sportif : natation, judo, karaté… Puis, en regardant mon père faire des pompes et des tractions à la maison, l'objectif de devenir fort s'est ancré en moi. À 15 ans, après avoir pris l'habitude de voler les packs de lessive de ma mère pour faire des curls biceps, elle m'a inscrit dans ma première salle de musculation, et je suis devenu un véritable passionné. Jusqu'à mes 21 ans, j'ai oscillé entre la musculation, la force athlétique amateur, le conditionnement physique et les sports de combat.


3. Comment as-tu découvert le bras de fer ?

Par pur hasard. Sur mon lieu de travail, un élu au sport de la mairie m'a parlé d'un club de bras de fer sportif qui venait d'ouvrir dans sa ville. Me connaissant et sachant que, depuis petit, j'adorais en faire et que je gagnais tout le temps, il m'a proposé d'aller essayer. Je me suis fait battre sévèrement. Là, je me suis dit : "Wouah ! Il y a un vrai monde derrière ce geste qui semblait si simple..." J'ai signé dans le club immédiatement.


4. Connais-tu l'histoire de cette discipline ?

Il est difficile de remonter réellement à l'origine de cette pratique. Dans chaque culture, et depuis très longtemps, l'homme a toujours cherché à se mesurer à ses semblables, notamment en termes de force. Le bras de fer, même s'il n'était pas codifié comme aujourd'hui, doit être une pratique extrêmement ancienne.


5. Considères-tu cette discipline comme un sport de combat ou un sport de force ?

Pour moi, le bras de fer est vraiment le point de rencontre entre les deux types de sport. C'est le mariage parfait. On s'entraîne en force quotidiennement, comme le ferait un powerlifter ou un strongman, mais la notion de sparring et d'affrontement contre un adversaire rapproche le bras de fer d'un sport de lutte. D'ailleurs, à l'international, ce sport s'appelle "armwrestling", ce qui porte bien son nom : lutte de bras.



6. Quel est ton palmarès ?

Je parle ici de mon bras droit car, même si j'ai obtenu des titres en bras gauche, je ne m'entraîne pas spécifiquement pour celui-ci et je n'aime pas concourir avec. Voici mon palmarès :

  • Multiple champion de France en catégorie moins de 110 kg,
  • Multiple champion de France en catégorie moins de 100 kg,
  • Multiple champion de France toutes catégories,
  • Vainqueur de nombreux Open internationaux.

À l'échelle mondiale, je me situe entre le top 5 et le top 8.



7. Quelles sont les qualités physiques qu'il faut développer pour devenir un bon ferriste ?

La force, bien sûr, mais aussi une aptitude à connecter les différents groupes musculaires de manière synchronisée et efficace. Contrairement à ce que l'on pense, il y a un gros travail de coordination et de réflexion.


8. Quels sont les muscles les plus sollicités en bras de fer ?

Hormis le bas du corps, tous les muscles sont importants. Toutefois, les muscles les plus sollicités et sur lesquels on se concentre pour le renforcement sont : tous les muscles du poignet et de l'avant-bras (fléchisseurs des doigts, fléchisseurs du poignet, pronateurs, brachio-radial), ainsi que tous les muscles du bras (biceps brachial, brachial antérieur, triceps, épaule).



9. Quelle est ta routine d'entraînement sur une semaine hors compétition ?

En période de préparation pour une compétition, je m'entraîne de manière très structurée, environ 4 à 5 fois par semaine : 2 séances de renforcement général et 3 séances spécifiques. Dans ces moments-là, l'objectif principal est la performance dans ma discipline, le bras de fer sportif. En revanche, hors saison, mon entraînement peut varier énormément. J'aime profiter de ces périodes pour faire d'autres activités qui me plaisent et me permettent de sortir de la rigueur habituelle de l'entraînement. Par exemple, cette année, pendant mes phases hors saison, j'ai fait du grappling, du conditionnement général avec cardio haute intensité, et quelques exercices de strongman.








10. Suis-tu un régime alimentaire spécifique tout au long de l'année ?

Ce qui est demandé dans ma discipline, c'est d'être performant et de rentrer dans ma catégorie de poids le jour de la pesée. Il n'y a pas de recherche esthétique derrière tout ça. Par conséquent, étant un bon vivant, je contrôle mon apport protéique quotidien ainsi que mon hydratation, car ce sont les bases pour être performant et bien récupérer. Au-delà de cela, je n'ai aucune rigueur particulière. Je mange ce que je veux, je bois ce que je veux, et tout cela presque quand je le veux. Je dis "presque" car, hors saison, je pèse environ 109 kg, mais je concours en moins de 100 kg. Je fais donc une phase de "cutting" d'environ dix jours, similaire à ce que font les combattants en MMA, pour atteindre le poids souhaité. Il m'est arrivé d'être pesé à 99,8 kg le matin, et de combattre à 106 kg l'après-midi de la même journée.


11. Peux-tu nous expliquer le concept de « la virgule » sur l'elbow pad ?

Lors d'un combat de bras de fer, le coude est posé sur un elbow pad, et tant qu'il reste en contact avec celui-ci, le coude a le droit de bouger. La "virgule" est un mouvement souvent conseillé aux débutants lorsqu'ils placent leur coude sur la table pour la première fois. Bien que trop simpliste pour les professionnels, ce concept est très utile pour faire comprendre aux novices l'importance de tirer vers soi lorsqu'on vise le côté de la table.


12. Peux-tu nous expliquer la technique du « hook » ?

Le "hook" consiste à "capturer" la main de l'adversaire et à réduire l'espace entre notre épaule et notre main, afin de rester ultra compact et de former un bloc pour ouvrir le bras de l'adversaire.


13. Peux-tu nous expliquer la technique du « top roll » ?

Le "top roll" consiste à effectuer un effet de levier vers l'arrière, en exerçant une pression sur les doigts de l'adversaire. Si ses doigts lâchent, son poignet va s'ouvrir, l'empêchant alors de transférer sa force.


14. Peux-tu nous expliquer la technique de la « presse » ?

La "presse" consiste à placer son épaule derrière sa main, afin d'effectuer une poussée avec son triceps.


15. À quelle(s) occasion(s) utilise-t-on le strap lors d'un combat ?

Le strap est utilisé lorsqu'à la suite d'un premier combat, les mains des deux ferristes se lâchent. Le jeu avec le strap est différent, et certaines personnes peuvent se sentir avantagées avec ce dernier, ce qui fait que beaucoup essaient de simuler des lâchers non volontaires pour y accéder.


16. Quels sont tes futurs objectifs en bras de fer au niveau compétitions ?

En novembre, nous organisons un événement "France contre Serbie". Les meilleurs athlètes des deux pays s'affronteront dans chaque catégorie de poids. Mon objectif est donc de remporter mon combat. Pour 2025, mon objectif principal est de monter sur le podium européen.


17. Pour toi, qui est le plus grand compétiteur de bras de fer de tous les temps et pourquoi ?

Il y a plusieurs noms qui mériteraient d'être cités, mais je dirais que John Brzenk illustre parfaitement ce sport. Il a commencé à l'école, a battu les plus grands, et avec une carrière remarquable, il évolue encore aujourd'hui, à plus de 60 ans, dans les plus grandes sphères du bras de fer. Sa polyvalence et sa force sont hallucinantes.


18. Peux-tu nous parler de ta chaîne YouTube « France Armwrestling » ?

C'est une chaîne YouTube que j'ai lancée il y a quelques années, avec l'objectif de promouvoir la discipline et de créer du contenu ludique pour la communauté du bras de fer en France. Pour l'heure, je ne publie plus dessus car mon public est une niche très restreinte, ce qui fait qu'il n'y a jamais eu de réelle rentabilité. Une chaîne YouTube demande beaucoup de temps, et j'ai choisi de consacrer ce temps à mes projets personnels et professionnels.


19. Quelles sont tes autres passions/loisirs ?

La moto, les voyages à moto en mode déconnexion totale, les bivouacs en nature, la lecture, l'écriture, le tir… et des dizaines d'autres choses. Mon problème est que je suis un passionné dans de nombreux domaines, et malheureusement, je n'ai qu'une vie et les journées ne font que 24 heures.


20. Quelle est ta devise dans la vie ?

Je n'ai pas de devise particulière que je me serais appropriée, alors je vais en créer une pour l'occasion :

"Reste curieux et passionné pour ne pas vieillir.

Ose et persiste pour ne rien regretter et réussir.

Ne refoule jamais ta singularité. Si tu intrigues ou déranges la masse, tu es sur le bon chemin pour t'accomplir."


21. Pour finir cette interview, je te propose de répondre aux questions « existentielles » :

  • Top roll ou hook ?
    Hook

  • Devon Larratt ou Levan Saginashvili ?
    Larratt… mais Levan pour la performance.

  • Force ou endurance ?
    Force

  • Bras droit ou bras gauche ?
    Droit

  • Dorsaux ou biceps ?
    Dorsaux

  • Moto ou trottinette ?
    Moto !

  • Viande ou légumes ?
    Viande

  • Over the Top (avec Stallone) ou Grease (avec John Travolta) ?
    Ça va peut-être choquer, mais je n'ai vu aucun des deux.

  • Avoir les mains de Denis Cyplenkov ou la jeunesse de Schoolboy ?
    La jeunesse de Schoolboy.

  • Et pour conclure : Se faire briser un bras par John Brzenk ou se faire briser un tibia par Jérôme Le Banner (malheureusement, il faut choisir… lol) ?
    Le tibia par Le Banner, car les fractures liées au bras de fer, bien que très rares dans le circuit professionnel, sont plus vicieuses qu'une fracture d'un tibia suite à un choc.



    Merci à Allan pour cette interview !
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