mercredi 10 juillet 2024

FABIEN HAMON aka SUPERFAB

 


1- Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour à toutes et à tous,

Je m’appelle Fabien Hamon. J’ai 40 ans et je suis instructeur d’Arts Martiaux Français. Je suis historien et philosophe de formation, et éducateur sportif. Je suis aussi connu sous le nom de SuperFab sur les réseaux sociaux et j’ai une chaîne youtube consacrée aux Arts Martiaux Français depuis 2020. J’ai participé avec mes comparses à la fondation de l’Amicale des Arts Martiaux Français, dont le but est de promouvoir et de pérenniser nos disciplines bien françaises.


   (Fabien Hamon aka SuperFab)


2- Quel est ton parcours dans les sports de combat et/ou les arts martiaux avant d’être là où tu en es aujourd’hui ?

J’ai commencé à m’intéresser aux arts martiaux et sports de combat vers l’année 1997, je pense. J’avais alors 14 ans et, en lisant une revue, je suis tombé sur un article sur le Kung-Fu Wushu. J’ai fait des pieds et des mains pour commencer la pratique dans une petite ville de Normandie. J’ai pratiqué pendant 6 ans en complétant par de la gymnastique lorsque j’étais à l’Université. J’ai  pratiqué quelques temps (environ 3 ou 4 ans) et très modestement l’Art du déplacement (fondé par des membres des Yamakasi). Puis, j’ai découvert l’existence de la Méthode Lafond, qui est une méthode d’autodéfense basée sur la pratique des arts de combat français, tels que l’escrime, la Savate, la canne, le bâton, mais aussi la défense au parapluie ou aux armes naturelles qu’on appelle Panache.


3- Tu es un fervent représentant et pratiquant d’Arts Martiaux Traditionnels Français, quand,  comment et avec qui as-tu découvert ces disciplines ?

Lorsque j’étais à l’Université, je me suis senti de moins en moins en accord avec la pratique des arts martiaux chinois. Je sentais que, pour aller plus loin, il aurait fallu apprendre la langue, partir en Chine. En somme, il eût fallu que j’embrasse la culture chinoise. A ce moment-là, j’ai fait la rencontre de celle qui deviendra mon épouse. C’est elle qui m’a fait comprendre que, dans cette pratique, je me déguisais et que cela confinait au ridicule. Difficile à avaler sur le coup et il m’a fallu quelques temps pour accepter qu’elle avait clairement raison. Quelques mois plus tard, une chute en Gymnastique a provoqué le déclic et j’ai décidé d’arrêter là. 

A ce moment-là, une connaissance m’a convaincu de m’essayer à l’Art du déplacement. J’ai alors eu la chance d’être initié à l’Art du déplacement avec un ancien militaire des Forces spéciales. Et c’était sans savoir que l’Art du déplacement est enraciné dans les Arts Martiaux Français puisqu’il vient de la Méthode naturelle aussi connu sous le nom d’Hébertisme, méthode d’éducation physique et d’aguerrissement fondée par l’Officier de Marine Georges Hébert. 

Ne me rendant absolument pas compte de ce que j’avais la chance de pratiquer, j’ai poursuivi mes recherches car j’étais persuadé qu’il devait bien exister une tradition martiale française. J’ai découvert la Méthode Lafond par le site internet officiel mais fort discret. Là, ce fut une révélation. Je découvrais qu’il s’agissait d’une méthode complète fondée par un maitre d’armes français formé à l’Ecole Supérieure d’Education Physique de Joinville-le-Pont. Culture physique, escrime traditionnelle, savate canne, bâton, tous les arts de combat français réunis sous une seule bannière. Le rêve.

J’ai décidé de me rendre dans l’association de Maître Roger Lafond, le fondateur, association se trouvant au Perreux-sur-Marne dans le Val-de-Marne (alors que j’habitais à Rouen). Ce devait être en 2007. Chaque jeudi, je passais la journée au domicile de Monsieur Lafond. J’ai étudié ses archives personnelles et suivi ses leçons en face-à-face en parallèle des entrainements dans son association le soir venu. En 2011, l’association a publié mon livre « Se défendre avec Panache ! Vie et méthode de Maître Lafond » que j’ai écrit grâce à l’enseignement de Monsieur Lafond et les centaines de documents et photographies qu’il conservait chez lui. J’ai dû rester dans l’association environ 12 ans au total sous la houlette des professeurs formés par Monsieur Lafond, tels que Didier Coulon et Stéphane Volante par exemple.


   (Lieutenant Georges Hébert)

     (Maître d'Armes Roger Lafond)


4- Quelles sont les choses qui te passionnent dans les Arts Martiaux Traditionnels Français ?

Tout. C’est français. On est donc conceptuellement, culturellement, linguistiquement connecté à ce système de combat. Nos ancêtres ont pratiqué les Arts Martiaux Français. Mon grand-père était fusilier marin, quartier-maitre sur le torpilleur le « Siroco » pendant la Bataille de Dunkerque en 1940. En tant que fusilier marin, il a donc pratiqué les AMF et plus précisément la Méthode naturelle que j’évoquais plus haut. Quel honneur de pratiquer ce que les anciens pratiquaient ! 

Ce que je trouve particulièrement fascinant, c’est que toutes les disciplines sont reliées par des principes, qui sont ceux de l’escrime. Escrime qui a plusieurs siècles d’existence. On ne peut pas imaginer le degré de maitrise des maitres et professeurs. Et ces principes sont aujourd'hui encore d'actualité, pour qui prend la peine de s’y intéresser.  Les maîtres et professeurs n’ont eu de cesse d’adapter les principes à leur époque en fonction des choix d’armement, des lois, etc… 

Et les AMF, c’est aussi un esprit. Comme l’écrivait Edmond Rostand, « le panache, c’est l’esprit de la bravoure » ou encore « Plaisanter en face du danger, c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. »

Comment ne pas vibrer à la lecture de ces lignes ? Comment ne pas entendre les tambours sonner, comme le dirait mon ami le Capitaine France ?


     (SuperFab & Capitaine France)

5- Peux-tu nous décrire les disciplines que tu pratiques et qui composent les Arts Martiaux Traditionnels Français ?

Cette question est délicate car, par nature, les Arts Martiaux Français ont évolué dans le temps en fonction des choix technologiques, de l’évolution des tenues, des lois, des moeurs. Je vais, donc, me référer à une manière de présenter les choses que j’aime particulièrement. Au XIXe siècle, on disait  parfois qu’il y avait trois formes d’escrime : l’escrime aux armes blanches, l’escrime de la canne et du bâton et enfin l’escrime aux armes naturelles. 

-L’escrime aux armes blanches comprend l’escrime de pointe (l’épée) et l’escrime de contrepointe (le sabre). C’est la base de tout.

-L’escrime de la canne et du bâton est celle du bois, qui est intimement liée à la précédente. On n’a pas toujours une arme, mais c’était une époque où le port de la canne était très courant. C’était parfois même un outil professionnel, un fidèle compagnon.

-L’escrime aux armes naturelles est celle que l’on met en oeuvre lorsqu’on n’a pas d’armes ni d’objets à sa disposition. Ce sont la Savate, la Boxe Française, la Lutte parisienne et la Lutte française. Mais l’expression « armes naturelles » est trompeuse car, dans notre Savate, c’est la chaussure qui devient l’arme.

Mais toutes ces disciplines font partie d’un ensemble plus grand : une culture physique générale regroupant de très nombreux exercices. C’est ce qu’on appelle la Gymnastique militaire. Le but était de former le soldat, de le préparer aux franchissements d’obstacles et au combat.  La Méthode naturelle est une des méthodes qui a développé dans l’armée française. Cela consiste en 10 types de mouvements naturels : la marche, la course, le grimper, le saut, la quadrupédie, l’équilibre, lever/porter, le lancer, la défense et la natation. 

La méthode qu’employait Maître Lafond était une méthode adaptée à notre époque. Une séance courte pour les citadins qui travaillent dans les bureaux en employant les techniques adaptées à la société civile moderne, dans un esprit de culture physique.

J’en emploie toutes les ressources en apportant le résultat de mes propres recherches. Je vais chercher les traités et manuels anciens afin de mieux comprendre ce que j’ai appris, ce qui m’a notamment amené à exhumer certains procédés, comme la méthode sur 4 faces qui est à la fois une méthode de défense contre plusieurs adversaires et une méthode de gymnastique.


      (Maître d'Armes Roger Lafond)


6- Quel est ton avis personnel sur les arts martiaux japonais et leur omniprésence en France par rapport aux Arts Martiaux Traditionnels Français qui sont malheureusement très mal connus sur notre territoire ?

A titre personnel, je n’ai jamais eu d’attirance pour les arts martiaux japonais et je ne les ai jamais pratiqués. Chacun est évidemment libre de pratiquer ce qu’il veut bien, mais je trouve dommage de partir « ailleurs » parce qu’on croit qu’il n’y a pas de tradition française. Je pense qu’avant d’aller voir ailleurs, il faut déjà savoir d’où on vient. Je le dis en toute connaissance de cause, car j’ai fait partie de ces personnes. 

Par ailleurs, je considère que l’esprit du combat à la française est intimement lié à la culture française. Ce que je veux dire, c’est qu’entendre parler de disciplines venues d’ailleurs à longueur de journée n’est pas anodin. On a besoin d’entendre parler de ce qu’est la France sous tous ses aspects. Comment susciter l’amour du pays si on n’en entend jamais parler ? Comment susciter l’unité d’un peuple si on ne lui parle jamais d’où il vient ?

Nous ne sommes pas montés en série. Ce qui est fait par et pour les Japonais ne nous correspond pas forcément. 

Combien de fois ai-je entendu que les arts martiaux sont asiatiques et qu’il n’y aurait rien en France ? Je ne les compte plus. Il y a là-dedans une forme de pessimisme, une forme d’abandon que je déplore. Nous avons absolument tout. Il suffit de faire corps avec notre culture, de la vivre.


7- Où dispenses-tu tes cours d’Arts Martiaux Traditionnels Français et quel est ton public en général ?

J’enseigne en Ile-de-France, dans les Hauts-de-Seine (92), entre Sèvres, Meudon et Boulogne-Billancourt. J’anime plus spécifiquement un stage mensuel de 3 heures dans la forêt de Meudon. Mes élèves ont en général entre 30 et 60 ans et viennent de tous horizons. Commerciaux, employés de banque, forces de l’ordre, militaires, etc… Parmi eux, certains sont de grands débutants et d’autres sont très aguerris en sports de combat et arts martiaux. 


8- Quelle est ta routine personnelle d'entraînement sur 1 semaine ?

C’est très variable d’une semaine sur l’autre en raison de mon emploi du temps professionnel. Tout mon entraînement s’adapte à ma vie professionnelle. Un bon entrainement doit nous aider à vivre. Je ne cherche pas la destruction.

Je donne entre 1 et 3 leçons par semaine, sachant que je pratique l’intégralité de la leçon avec mes élèves. Mes leçons comprennent a minima de la culture physique, de la Savate, de la canne, du parapluie et du Panache. J’ai donc entre 1 et 3 entrainements de ce programme déjà riche. 

En plus de cela, je pratique 9 des 10 familles d’exercices de la Méthode naturelle 1 à 2 fois par semaine, en forêt. Tous les ateliers sauf la natation, en résumé. 

Enfin, je pratique l’objet de mes recherches dans un mode « expérimentation » au quotidien. Par exemple, ces derniers mois, j’ai beaucoup travaillé ce que j’appelle le « casse-tête français ». C’est un pied de frêne que j’utilise comme une masse sur 2 faces (la méthode du corridor) ou sur 4 faces (la méthode de la salle). 


9- Penses-tu qu’il serait envisageable de pratiquer les Arts Martiaux Traditionnels Français à l’école comme le font les Etats-Unis avec la lutte ?

C’est tout à fait envisageable, notamment par l’intermédiaire de la Méthode naturelle, car cette méthode est particulièrement adaptée pour les enfants et les adolescents. Il est temps qu'on se rende compte que les arts martiaux français sont un formidable outil d’éducation. Education à la santé d’abord : on le sait, bouger chaque jour est indispensable pour rester en bonne santé. Education aux valeurs de respect : les Arts Martiaux Français nous amène à cultiver un comportement vertueux. Courtoisie, sang-froid sont les maitres-mots. Les AMF nous en apprennent aussi beaucoup sur l’histoire de notre pays et de notre peuple. C’est un aspect plus intellectuel. Clairement, les AMF sont des disciplines complètes pour l’éducation en dehors de tout esprit de compétition. D’ailleurs, nous sommes éducateurs sportifs. L’éducation physique est profondément enracinée dans notre culture. On a récemment entendu de la part de sportifs de haut niveau que la France ne serait pas un pays de sport. En effet, la France est un pays d’éducation physique.


10- Quel est ton « outil » de défense préféré (en milieu urbain ) et pourquoi ?

Le parapluie évidemment ! 

Tout dépend du contexte. En vérité, mon outil préféré est celui qui est disponible. C’est là tout l’enseignement des AMF. Dans un contexte où c’est autorisé, peut-être serais-je porteur d’une arme. Mais, je vais parler du contexte qui m’occupe personnellement. Je vis en France et le port de l’arme est réglementé. Mon outil favori dans ce contexte sera donc un objet de tous les jours. Le premier outil sera donc potentiellement la canne ou mieux encore un outil utile, le parapluie. Correctement utilisé, le parapluie devient extrêmement efficace. Monsieur Lafond a profondément théorisé le maniement et l’usage du parapluie. A défaut de parapluie, mon outil préféré restera la chaussure. Dans notre culture, nous marchons pieds chaussés. Cela n’est pas anodin. Là aussi, cela fait longtemps que nous avons des disciplines adaptées : la Savate et la Boxe française, dont l’enseignement est rationalisé et tout à fait adapté à la défense. 

En résumé, mon outil de défense préféré est celui qui est disponible et légal.


                                   (Maître d'Armes Roger Lafond)

(Diana Rigg - Pour son rôle iconique d'Emma Peel, elle avait appris le parapluie de la Méthode Lafond avec Roger Lafond en personne).


11- Il y a quelques années tu as écrit un livre: Se défendre avec « Panache » ! Vie et méthode avec Maître Lafond. Tu réfléchis à une version 2 ?

En 2011, mon livre a été publié en effet. J’ai décidé d’en arrêter la publication car je considère qu’il correspond à une époque et qu’il nécessiterait des précisions, des extensions. J’ai fait énormément de recherches depuis lors. Je réfléchis à un autre ouvrage. Peut-être une version augmentée ou peut-être un autre ouvrage tout simplement sur ma propre méthode.


12- Quelles sont les personnes qui t’ont influencés ou inspirés dans les sports de combat ou arts martiaux (à part Maître Roger Lafond) ?

Les Arts Martiaux Français sont remplis de véritables légendes. Des héros, des maitres d’armes remarquables, des champions. Leurs parcours de vie sont incroyables. Certains sont issus de famille entière de maitres d’armes. Il faut souligner qu’ils nous ont laissé de très nombreux traités, manuels ou témoignages. Nous avons beaucoup de chance, notre tradition est aussi une tradition de l’écrit. 

Parmi mes préférés, je pourrais citer Maitre Louis Mérignac, surnommé le tireur noir, ou encore Maitre Eugène Chauderlot, tous deux maitres d’armes militaires au XIXe, ou encore le célèbre Louis Vigneron que l’on surnommait L’Homme-canon. Des hommes fascinants. 

Je me laisse aussi volontiers inspirer par les champions de BF des années 80 et 90. Parmi ceux qui m’ont le plus marqués, Sébastien Farina et François Pennacchio. Ces gars ont démontré que les vrais tireurs de BF sont capables de dominer dans n’importe quelle autre discipline. 

Nous avons aussi autour de nous des personnalités très inspirantes. Je rends en particulier hommage à mes comparses de l’Amicale des Arts Martiaux Français. Ce sont des passionnés, dont je salue la volonté. 


     (Maître d'Armes Roger Lafond)

     (Mr Louis Mérignac donnant une leçon d'escrime à Lucien Gaudin - Agence Meurisse 1920 Paris)

     (Eugène Chauderlot)


                              (Louis Vigneron)

13- Quelles sont tes autres passions / loisirs ?

J’aime beaucoup la musique. Mes parents m’ont élevé dans les arts depuis tout petit. D’ailleurs, j’ai épousé une artiste lyrique, ce n’est pas pour rien. ;-) 

La spiritualité tient aussi une place très importante. La spiritualité chrétienne pour être plus précis.


14- Tu as des livres à conseiller sur la pratique des Arts Martiaux Traditionnels Français ?

Je commence toujours par conseiller la lecture de « L’art de la boxe française et de la canne » de Joseph Charlemont. C’est probablement le traité le plus détaillé, le mieux structuré. 

Pour l’escrime, je conseillerais « Les vrays principes de l’espée seule » de Philibert de la Touche. Un ouvrage de 1670 qui contient tout ce qu’il faut savoir sur l’escrime aux armes blanches. 

La lutte française n’est pas en reste. Je conseille « La leçon de lutte » de François le Bordelais, deux tomes qui contiennent les coups autorisés et interdits dans la lutte à mains plates.



15- Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?

Mes projets sont principalement de développer mes cours et stages notamment en promouvant l’Amicale des Arts Martiaux Français, notre association. Dans quelques mois, je me rendrais très certainement en Suisse pour animer un stage à la demande d’un de nos membres actifs.


16- Quelle est ta devise dans la vie ?

« Nous sommes la culture. » 

C’est ce que je répète dans mes vidéos. Depuis trop longtemps, on nous a dit que la culture était pour l’élite, pour les premiers de la classe, que la culture était dans les bibliothèques et dans les musées. Si on n’y prend pas garde, la France va finir « muséifiée », mise sous cloche tel un vieux souvenir. Un souvenir un peu charmant certes, mais très désuet. La culture, ça se vit, ça s’incarne. Déguster de délicieux ris de veau, boire un café sur le zinc, lire les hauts faits d’armes de nos ancêtres, pratiquer les Arts Martiaux Français n’ont rien de désuet. C’est  ici et maintenant. Nous n’avons pas de temps à perdre.


17- Pour finir cette interview, je te propose de répondre aux questions « existentielles ».

- Canne ou parapluie ? Parapluie. On peut au moins s’abriter.

- Karaté ou Savate ? Savate. J’ai horreur de marcher pieds nus.

- Fleuret ou katana ? Fleuret. Feinte dessous-dessus.

- Tongs ou chaussons ? Chaussons… aux pommes.

- Maître d’armes ou coach sportif ? Maitre d’armes. Coach, je ne sais pas ce que ça veut dire. 

- Pizza ou bœuf bourguignon ? mmmm un bon boeuf bourguignon, c’est quand même autre chose.

- 94 ou 93 ? 9-3, en souvenir d’une époque où j’y ai travaillé.

- Moustache ou barbe ? Moustache pour le style, même si je porte le bouc.

- Les Brigades du Tigre ou l’agence tous risques ? En enfant des années 80, je dirais L’Agence tous risques. Personne n’est parfait.

- Et pour conclure : Panache ou bière ? Panache évidemment. Je dirais même Monaco.



Merci à Fabien pour cette interview !
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lundi 4 septembre 2023

NICO MATHIEUX aka L'AVENTURIER



1- Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Nico Mathieux je suis un explorateur professionnel qui partage mes projets d’aventure sur YouTube.


2- Quelles disciplines sportives as-tu pratiqué et quelles disciplines sportives pratiques-tu encore aujourd’hui ?

Je viens du Parkour que j’ai pratiqué jusqu’au haut niveau pendant 11 ans.

J’avais fait le tour de la discipline selon moi et depuis 5 ans je me suis mis à fond dans tous les sports d’exploration.

Spéléo / spéléo plongée

Alpinisme / parapente

Voile (voilier) et surtout les biotopes d’y extrêmes (polaire, jungle et désert).





3- Pourquoi as-tu choisi de devenir explorateur / aventurier ?

Je pense qu’on est tous fait pour s’enrichir de connaissances et d’expériences tout au long de notre existence et rien de mieux qu’aller directement au contact de la nature primaire pour ça.


4- Tu es également Youtubeur, quelles sont tes motivations personnelles qui te font partager tes expéditions en vidéos sur ce média social ?

J’ai toujours été intéressé par les grands explorateurs, mais hormis des récits précieux il n'y avait aucune image en immersion d’eux.

Toujours des images d’une équipe de prod présente une journée par mois et qui on le sait tous sont des images à côté de leur point de rdv pour la reconstitution.

Je me suis promis de filmer et de partager du réel pour que les spectateurs ou les futurs aventuriers puissent voir la réalité du terrain.

J’ai jamais aimé tricher.

Tous les sports peuvent être filmés en direct sauf les sports d’aventures parce personne ne peut nous suivre.

Et tous les sport ont des règles précises, l’aventure devrait en avoir.

Je filme aussi pour donner une trace concrète et permettre de prouver que je suis passé à tel ou tel endroit.


5- Quels sont les explorateurs ou sportifs qui t’ont inspiré ?

Premièrement, j’ai eu David Belle le fondateur du Parkour qui était vraiment dans le brut et le physique.

Ça a été une énorme source d’inspiration dans ma méthodologie d’entraînement et de mental. Il m’a appris la discipline pour réussir un objectif.


Ensuite tardivement j’ai lu Mike Horn.

Qui était le coup de pouce pour m’ouvrir les yeux sur plein d’endroits et d’explorations possible.


Et ma 3ème inspiration c’est les satellites de Maps.

Connaître le monde vue du ciel t’inspire et t’ouvre les yeux sur énormément de possibilités.


6- Quel est ton programme d’entrainement physique hebdomadaire ?

J’en ai pas particulièrement.

Je bouge énormément, je vis sur Annecy donc j’ai un terrain de jeu proche de la maison.


7- Nous nous connaissons depuis environ 1 an. A l’époque tu m’avais contacté pour avoir quelques infos sur la forêt Amazonienne Guyanaise car tu préparais une expédition dans cet environnement que je connais un peu. Quel est ton meilleur et pire souvenir dans "les grands bois" de Guyane ?

Ouaip totalement, c’est ton pote Maxime Mergalet (https://www.instagram.com/maxime.mergalet/) qui m’avait passé ton num !

Tu m’as été d’une bonne aide car je ne voulais pas avoir de formation de guide. Personne proposait de bonnes informations sur ce que je projetais.

Mon pire souvenir ça doit être ma coupure de la main gauche à la machette en glissant dessus.

J’étais à 5 jours de la fin de mon expédition et ce fut une belle épreuve de retrouver la civilisation avec cette blessure.

Les erreurs de débutant qui n’arrive plus et heureusement !

Pour la meilleure, je dirais les rencontres animalières (tapir / singes / caïman / ara, etc…).

Je vois ça comme des cadeaux imprévus qui t’émerveillent et te sortent de la difficulté pendant un cours instant.



8- Pour rester dans l’ambiance "jungle", tu es parti sur le continent africain en Cote d'Ivoire, pour traverser la forêt de Taï, peux-tu nous en parlé ?

Oui totalement, j’ai fais 2 expéditions à Taï donc une majeure.

La première était la descente de la rivière Hana d’Est en Ouest sur 70km à vol d’oiseaux.

De quoi faire du repérage et découvrir ce sanctuaire en Afrique de l’Ouest.

5 mois après j’y retourne pour traversée la forêt du Nord au Sud sur 33 jours en solitaire.

150 km à pied et 80km en packraft.

La forêt est similaire à la Guyane elle se trouve sur la même latitude. 

Mais la faune est totalement différente.

Que dire à part qu’après 33 jours le retour à la civilisation est pas évident.

Mais j’ai vécu l’expérience la plus dure et enrichissante pour ma vie pour l’instant dans cette forêt.



9- Je sais que tu as ramené énormément de photos et de vidéos de cette expédition dans cette dernière forêt primaire d’Afrique de l’Ouest, alors sans spoiler la chose, tu nous prépares un film / documentaire ?

Exactement, c’est un endroit qui mérite énormément d’être découvert (redécouvert) et je prépare un énorme documentaire !

J’ai très hâte de le sortir car j’ai des images incroyables en animaliers qui enrichissent encore plus l’expérience humaine autour d’un homme qui a traversé la dernière forêt primaire d’Afrique de l’Ouest.


10- Dans ce type d’expédition, tu es souvent amené à croiser une faune, une flore et des paysages magnifiques. Personnellement, à mon modeste niveau lors de mes sorties en jungle, j’ai également croisé le chemin de personnes formidables humainement et très compétentes dans certains domaines. Peux-tu nous raconter une anecdote sur une personne que tu as eu la chance de croiser sur ton chemin lors d’une de tes expéditions ?

Ouaip Bien sur !

J’ai croisé peu de monde vu que je suis souvent loin de la population mais lors de ma première expédition j’ai croisé le dernier jours Eduardo.

Un franco espagnol qui a fait 6 ans de tour du monde en voilier et c’est arrêté vivre en Guyane.

Je l’ai croisé dans un carbet proche de Cacao avec son fils.

Il est forgeron et a des histoires incroyables à raconter et j’ai pu le revoir lors d’un passage en Guyane en Mai 2023 !


11- Où s’est déroulée ta plus belle rencontre animalière et avec quel animal ?

A ça serait du « spoil », mais j’ai croisé un fantôme de la forêt…

L’hippopotame pygmée en lui marchant dessus. 

C’était hors du temps comme situation ! Magique.


12- Quelle est la base de ton matériel photos et vidéos quand tu pars en expédition ?

En ce moment je pars avec un drone Mavic 3 et un Sony a7s3 + une Go Pro Last Generation (j’ai eu la 9/10/11 en jungle).


13- Quels sont les 5 objets que tu prends toujours avec toi en expédition ?

Machette

Hamac/tarp

Couteau suisse (avec tout dessus)

Filet

Briquet


14- Dans quel biotope te sens-tu le plus à l’aise et inversement dans quel biotope te sens-tu le moins à l’aise et pourquoi ?

La jungle parce j’adore ça en ce moment !

Et le moins à l’aise, c’est la ville quand il y a du monde ! Le monde extérieur est fou.


15- Peux-tu nous partager une anecdote ou ta vie a été en danger lors d’une expédition et comment as tu réussi à gérer la situation ? 

Ouaip, le paludisme a été la seul chose qui a failli me tuer.

Mais un accident en tant que tel, en spéléo j’ai pris une pierre de 7 kilos sur la tête qui est tombé de 14 mètres. J’ai mis 7 heures à sortir du trou et j’étais à moins 300 mètres (3 cm plus à gauche j’étais mort je pense).

Donc les accidents arrivent et sans prévenir comme un arbre ou une branche en forêt !


16- La plupart des explorateurs / aventuriers écrivent des livres sur leurs aventures, c’est un projet que tu veux réaliser ?

Je pourrais, mais je sais pas si j’ai de quoi raconter quelque chose pour l’instant.

Le 1er livre c’est important, donc autant le faire sur un très gros projet.


17- Quelle est ta devise dans la vie ?

J’en ai pas de précise


18- Peux-tu nous parler de tes futurs projets et as-tu une expédition que tu rêverai de faire dans les années à venir ?

Ouaip, je veux réussir la vraie traversée de l’Amazonie par la latitude zéro, ce qui n’a jamais été réalisée (autant pas faire les choses à moitié).


19- Pour finir cette interview, je te propose de répondre aux questions « existentielles ».

- Jungle ou montagne ?

Jungle


- Boussole ou GPS ?

Le soleil ? Mais je dirais GPS


- Parkour ou parapente ?

Parkour


- La Sportiva ou pieds nus ?

Pieds nus


- Eléphant de forêt ou hippopotame nain ?

Éléphant


- Machette ou pince à épiler ?

Machette


- Youtube ou Instagram ?

Les deux


- Décathlon ou Intersport ?

Décathlon !


- Packraft ou kayak ?

Packraft (plus polyvalent)


- Et pour conclure : Mycoses des pieds en jungle ou engelures aux pieds en montagne ?

Mycoses car tu peux donner à manger au vers à bois !



Merci à Nico pour cette interview !

Retrouvez le sur:

https://www.youtube.com/@NicoMathieux

https://www.instagram.com/nico.mathieux/