1- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 70 ans je suis un mâle blanc hétéro, espèce en voie d’extinction (rire...) ! Je suis retraité de la Police Nationale, boxeur, enseignant en sports de combat et self-défense. Je suis marié et j’ai en tout 6 enfants.
2- Vous êtes un ancien policier du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion), dans les grandes lignes quelles sont les missions demandées à cette unité d’élite de la police nationale Française ?
Les missions sont diverses et variées:
- Protections de hautes personnalités
- Anti terrorisme
- Prises d’otages
- Forcenés armés
- Grand banditisme
- Go fast
- Protection d’évènements importants (JO)
- La recherche de moyens
- L’assistance aux autre services
3- Pouvez-vous nous parler de votre parcours dans la police et ensuite de votre carrière comme intervenant et instructeur au sein du RAID ?
Je suis rentré à l’école de Police en mars 1976. Je suis devenu champion de France en boxe française pour la première fois.
Après ma scolarité j’ai été affecté dans le 16 eme arrdt de Paris, puis dans le deuxième arrdt et enfin en 1978 à la compagnie sportive comme athlète de haut niveau. Puis à la compagnie de moniteurs. A la demande de la BRI j’ai commencé à entrainer les membres de cette brigade, puis j’ai fais partie de la brigade anti commando et enfin à la création du RAID j’ai rejoints les rangs de ce groupe en 1988.J’avais plusieurs casquettes, j’étais à la formation, mais en même temps dans le groupe d’assaut. Puis je me suis toujours intéressé à la négociation et mon profil les intéressait aussi. J’ai donc rejoint le groupe négociation pendant 2 ans et, à six mois de la retraite je suis retourné dans la colonne d’assaut car le groupe manquait d’anciens.
4- Avez-vous une anecdote à nous raconter qui vous a marqué lors d’une intervention durant ces années passées au service de la France ?
La munition d’entraînement allégée.
Au RAID, François Santini et Daniel Boulanger s’entendaient à merveille quand il s’agissait de faire courir un canular ou de piéger les collègues. Mais quelques fois ils n’y étaient pas pour grand‐chose, on leur tendait la perche, ou ils prenaient la balle au vol comme dans l’histoire qui va suivre.
Alors qu’ils étaient chargés tous les deux de mettre au point la fameuse M.E.A (munition d’entraînement allégée). Cette munition est constituée d’une ogive en caoutchouc et d’une douille inerte comportant juste une amorce qui permet le départ de l’ogive.
Cette munition révolutionnaire permettrait à des fonctionnaires porteurs de protections (lunettes, coquille….) d’effectuer des simulacres d’intervention à tirs réels, mais sans danger. (comme aujourd’hui avec la simunition). Ils allèrent trouver l’adjoint au chef du RAID, qui leur avait
demandé de lui rendre compte de l’avancée des travaux. Le patron, très intéressé leur posa des questions ayant trait surtout à la sécurité. Inquiet tout de même pour l’intégrité physique de ses hommes, le patron se renseigne sur la douleur engendrée par l’impact de se genre de munition.
Daniel lui expliqua que c’est très supportable. Après quelques secondes de réflexion le Commissaire désira se rendre compte par lui même, mais, prudent, il voulait d’abord voir les effets sur quelqu’un d’autre ; Fanfan se proposa immédiatement pour faire office de cobaye. Daniel s’approcha et tira trois fois dans la cuisse de Fanfan distant de deux mètres. Fanfan ne bougea pas d’un cil et garda son sourire paisible, le patron le regarda d’un air interrogateur.
« Ça vous a fait mal ? »
« Non ! Non ! On sent qu’on a été touché, mais c’est très supportable ».
Encouragé par les affirmations de Fanfan et surmontant ses dernières craintes, le patron décida de sauter le pas, en montrant sa cuisse, à son tour comme cible, il se prêta à l’expérience.
Et puis il n’est pas question de passer pour une mauviette devant ses hommes. Dan garda difficilement son sérieux et tira dans la cuisse du patron.
Un hurlement se fit entendre dans tout le bâtiment le patron sauta en poussant des couinements dignes d’un cochon qu’on égorge. Il baissa son pantalon et laissa apparaître sur le haut de sa cuisse, un point rouge sanguinolent. Le patron explosa, engueula les deux énergumènes et les vira de son bureau.
Fanfan et Dan s’éloignèrent avec un sourire complice, qui fit bientôt place
un splendide fou rire. C’est alors que Daniel posa la question qui lui brulait les lèvres.
« T’as vraiment rien senti »
« T’es con ! J’ai bien cru que j’allais tomber dans les pommes »
Fanfan baissa alors son pantalon, un bleu ; gros comme une main, et trois marques sanguinolentes apparurent à Daniel qui ne parvint pas à réprimer un « Ho !!! Putain»
5- Lors de votre carrière au RAID, vous avez aussi été "Négociateur", en quoi cela consiste t-il ? Et-il possible de retranscrire ses savoir-faire pour un civil dans la vie de tous les jours pour gérer certaines situations de crise ?
80% des affaires peuvent être réglées par la négociation, la plupart des crises peuvent être résolues de façon douce, ou du moins sans violence.
- On essaye de comprendre ce qui se passe chez le sujet en crise.
- On essaye d’établir un contact, de créer un lien, par empathie.
- On lui montre qu’il existe d’autres voies de résolution de la crise.
- On apaise et on trouve avec lui une solution.
6- Avez-vous quelques conseils à donner aux plus jeunes qui nous lisent et qui voudraient postuler au RAID ?
- Comprenez bien ou vous vous engagez.
- Soyez prêts entraînez vous (physiquement, mentalement, techniquement).
- C’est un service merveilleux mais qui demande beaucoup d’énergie.
7- Vous êtes un ancien champion de Boxe Française, quel est votre parcours dans les arts martiaux et les sports de combat et votre palmarès en Boxe Française ?
J’ai effectué 103 combats pour 88 victoires
J’ai été six fois champion de France et champion d’Europe en 1984
Je suis le créateur de la boxe de rue, de la défense urbaine et de la méthode Tonfa sécurité enseignée dans la Police.
8- Pouvez-vous nous mentionner une anecdote lors d’un de vos combats en Boxe Française ?
Lors de l’un de mes premiers combat internationaux, je boxais un Belge dans les Ardennes Belges dans une ville dont je ne me souviens plus du nom, et j’étais étonné d’être encouragé par le public Belge. J’ai gagné par KO. J’ai posé la question en descendant du ring, et l’on m’a expliqué que j’étais en terre Wallonne et que je boxais un Flamand. Je n’étais pas au courant à l’époque de l’animosité qui peut exister entre ces deux peuples.
9- Lors d’un combat sur un ring, quelle est votre technique favorite et pourquoi ?
Je n’ai pas de technique favorite, j’essaye de m’adapter à l’autre.
10- Lors d’une agression dans la rue, quelle est votre technique favorite et pourquoi ?
Encore une fois le secret c’est l’adaptation
11- Quels sont vos 3 combattants préférés (toutes disciplines confondues) et pourquoi ?
Je dirais mon combat contre Richard Gury (finale championnat de France 1983) un adversaire difficile qui avait remporté les éliminatoires par ko.Et que j’ai vaincu par KO au premier round.
Ma victoire aux points contre Pascal Ducros en demi-finale des championnats de France 1984. Car c’est un très bon (il est devenu champion du monde de kick_boxing quelques années plus tard).
Mon dernier combat contre Fred Royers en 1985 pour la nuit des arts martiaux, la revue karaté me propose de faire un jubilé alors que j’ai arrêté de puis un an, et surtout de choisir mon adversaire. Après réflexion j’ai choisi de prendre le seul adversaire qui m’avait battu en Europe. Fred me battra encore une fois aux points mais ça reste un bon souvenir.
Je pourrais parler aussi de ma victoire en championnat d’Europe en 1984 contre Marco Noccentini mais c’était plus un combat psychologique qu’autre chose, il se dopait aux applaudissements et je lui ai un peu « pourri » sa boxe pour lui éviter de briller et je l’ai l’emporté.
12- Vous faites parti des 2 pionniers de la "Self Défense" en France avec Charles Joussot. Vous avez créé votre méthode "Boxe de Rue", pourquoi et pour qui avoir développé ce concept ?
Oui d’ailleurs Charles a été l’une de mes sources d’inspiration. Dans la vieille savate il y avait pas mal de "trésors" des gestes de défense, oubliés ou même interdits pour faciliter les compétitions et éviter les accidents, j’ai donc puisé dans l’histoire pour récupérer des techniques bien de chez nous, tout en étudiant des gestes intéressants venus d’ailleurs (Jet Kun Do, Kali, Penchack, etc…) Et puis la boxe française toute seule ne me suffisait pas, j’ai voulu travailler le sol et les armes, d’où mes recherches.
13- Lors d’un voyage aux Etats-Unis vous avez ramené le Tonfa en France. Vous êtes également le concepteur de la méthode française du Tonfa sécurité enseignée dans les écoles de police, pouvez-vous nous mentionner les points forts de cet "outil" ?
La recherche était surtout d’éviter les frappes sur la tête et les visages ensanglantés que l’on pouvait voir à chaque manifs. Le tonfa est surtout un outil de protection, même si il peut aussi rendre les coups. Je le vois plutôt comme un bouclier. Il permet de bloquer les frappes des assaillants sans provoquer d’incident grave.
D’ailleurs il y a longtemps que l’on n’a pas vu de visages ensanglantés lors des manifs.
Les gens devraient savoir que nos forces de Police sont réputées pour être les plus professionnelles et les moins violentes au monde. C’est pour cela que notre Police s’exporte dans le monde entier, j’ai entrainé des groupes d’intervention un peu partout, (Brésil, Philippines, Saint Domingue, Salvador, Jamaïque,, Hongrie) et partout ou je passais les CRS étaient déjà passés pour le maintien de l’ordre. Ainsi que les motards, les stups et même les BAC.
14- Quelles sont les personnes qui vous ont influencé dans la vie de tous les jours et pourquoi ?
Mes influences sont d’abord littéraires de par mes lectures adolescentes.
Eugène Sue dans les mystères de Paris et son comte Rodolphe qui pratique la savate, Maurice Leblanc et son Arsène Lupin savateur hors pair, Hergé (qui a pratiqué) et son tintin et tournesol tous deux savateurs. Jules Verne et son passe partout qui boxe un marin pendant le voyage en bateau.
Gaston Leroux et son Rouletabille, Rocambole… Tous ces gens m’ont inspirés pour pratiquer cet art qui m’est apparu comme mythique et mystérieux. Ensuite comme je me dis plus haut lors de me »s recherches martiales mes inspirations ont été Charles Joussot, Dan Innosanto, Lee Kwan Young …
15- Vous faites parti des cadres à l’ADAC (Académie Des Arts de Combat), pouvez-vous nous en dire plus sur ce système de self défense ?
Je n’ai jamais été cadre à l’ADAC mais partenaire.
J’ai toujours été libre tout en participant à l’ADAC je connais Èric Quequet depuis très longtemps et je me suis rapproché de lui quand il a créé l’ADAC. J’estimais que l’on faisait à peu prés les mêmes recherches J’ai amené la boxe de rue qui est maintenant entrée dans le concept défense de rue de l’ADAC. Maintenant j’ai ma propre structure avec l ‘ACADÉMIE PATUREL et sa DÉFENSE URBAINE et si je m’éloigne donc de l’ADAC à la demande d’Éric, pour éviter toute "confusion". Ceci dit c’est une excellente école avec des cadres sérieux et un contenu complet, que je conseille à tout le monde. Mais nous restons amis.
16- Vous avez écrit plusieurs livres, pouvez-vous nous les citer et nous en parler en quelques lignes
Le premier livre écrit était « l’esprit du combat » traduction française du fitting spirit j’avais écris ce livre au départ pour mes élèves et mes enfants mais en en parlant aux éditions Chiron ou je proposait un livre technique sur le tonfa. L’éditeur à paru intéressé par mon document et m’a demandé s’il pouvait le lire. Finalement il l’a lu et a décidé de le publier. Il existe toujours aujourd’hui sous le titre "mes réflexions sur le combat" chez un nouvel éditeur.
Ensuite j’ai écris un premier roman « les panthères noires de Bièvres » il s’agit bien sûr d’un roman sur le RAID intitulé aujourd’hui "le Raid à l’épreuve du feu".
Il a été suivi par "mémoires du Raid" ou je raconte les interventions durant les 20 ans de ma présence dans le groupe. Nous sommes 17 à écrire dans ce livre même si c’est moi qui le mets en page. Il a rencontré un vif succès, Suite à la retraite de mon éditeur mes livres sont édités à présent par Francephi diffusion
Puis j’ai fait le Boxe de rue 1 (étude comportementale) et boxe de rue 2 (les armes) deux livres techniques.
Puis un deuxième roman un peu futuriste "l’ile des bannis".
Et enfin un livre consacré au jeunes ados "Le guide du kid" écrit en collaboration avec un officier des protections de personnalités.
17- Votre académie "Robert Paturel" dispense plusieurs activités dans le domaine de la self défense, mais elle assure également la survie d’un refuge d’équidés, pouvez-vous nous parler de cette passion pour les animaux ?
Ma femme et ma fille sont des "Brigitte Bardot" elles ont commencé à s’occuper de chevaux, puis, de récupérations en récupération on nous amenait des animaux en fin de vie, censés mourir bientôt et quelques fois on les garde 10 ans, les animaux en fin de vie coutent évidemment très chers en soins divers. (Maréchal Ferrand, vétérinaire, dentiste, ostéopathe) sans compter la nourriture, l’entretien des parcs, des clôtures et des cabanes. C’est d’ailleurs à cause de cela que les gens s’en débarrassent souvent (abandon, boucherie, don) ? Nous récupérons aussi des ânes des chèvres, et nous avons des chiens et des chats.
18- Vous avez joué dans plusieurs films et vous avez été également conseillé technique. Avez-vous une anecdote à nous donner avec un acteur ou une actrice lors d’une scène de "bagarre" ?
Dans "Raid Dingue" avec l’adorable Alice Pol ou je me suis évertué à essayer de lui donner l’allure d’une boxeuse, ce n’était pas évident et pourtant elle y mettais du sien (rire), Edouard Baer dans les brigades du tigre à qui j’ai donné quelques bases de combat avec une canne. Liam Nesson dans "Taken" pour les déplacements avec une arme.
19- Pouvez vous nous parler de vos futurs projets ?
Je pense arrêter bientôt ou du moins "calmer le jeu" car j’ai 70 ans et la fatigue commence à se faire sentir. Mais j’aime toujours partager. Pour être un bon enseignant, il faut : Aimer enseigner, aimer la discipline enseignée et surtout aimer les gens.
Mais je resterais de toute façon toujours actif, j’ai 9 petits enfants demandeurs en leçons de boxe.
20- Quelle est votre devise dans la vie ?
"On ne peut pas tou savoir, mais on doit savoir qu’on ne sait pas tout"
21- Pour finir cette interview, je vous propose de répondre aux questions "existentielles".
- Boxe Française ou MMA ?
Boxe française
- Tonfa ou bâton télescopique ?
Tonfa
- Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon ?
Bebel
- RAID ou GIGN ?
RAID
- Panthère noire ou Gorille ?
Gorille
- Gant d’or ou mine de diamant ?
Gant d’or
- DVD ou livre ?
Livre
- Médaille d’or de la jeunesse et des sports ou médaille d’honneur de la police ?
Jeunesse et des sports
- Bruce Lee ou Charles Charlemont ?
Bruce Lee
- Et pour conclure : Brigitte Bardot ou Marilyn Monroe ?
Brigitte Bardot
Merci à Patu pour cette interview.