mardi 14 juin 2022

VOL WEST aka LA BÊTE


1- Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis connu sur « internaze » sous le nom de Vol West…mais mes proches m’appel “la bête”.
J’arrive sur mes 50 ans cette année, donc grosse séance de récapitulation et surtout, une intense résolution de dynamiter le superflu dans ma vie et recentrer mon énergie sur du tangible rustique.

Je suis né et j’ai principalement grandi en banlieue parisienne: Vitry-sur-Seine, Villeneuve-le-Roi, Orly, Draveil…pour finir sur Paris a la porte de Vanves avant de partir pour Los Angeles après mon service militaire.

Seize ans a Los Angeles, ou j’ai principalement travaillé dans le bâtiment et la construction. Depuis maintenant 12 ans nous résidons dans l’état du Montana.




2- Tu as créé le blog « Le Survivaliste » en 2010, ce blog a été très longtemps une référence et une mine d’informations pour les survivalistes francophone. Quelles sont les choses de la vie qui-t-on orienté dans ton travail de recherche vers l’autonomie, l’indépendance et la résilience ?

Il n’y a pas d’événement particulier comme on pourrai le croire, mais plus une accumulation d’expériences et de sensations qui m’ont amenées a m’enraciner dans cette intention de résilience.
J’ai beaucoup grandi avec mes grands-parents. Au delà de leur expérience de la guerre, ils étaient très pauvres, ont eu une vie difficile, et sont mort très jeune. Cet univers a lui tout seul m’a énormément bouleversé et construit.


Ensuite Katrina et les émeutes de Los Angeles en 92 sont bien sur des événements qui ont largement participé a m’ouvrir les yeux sur la fragilité de nos structures sociales, hospitalières et logistiques. Vivre aux USA, sans réel filet de sécurité,  a aussi contribué a cimenter le développement d’une manière de vivre qui s’est naturellement orientée vers ce que nous nommons “survivalisme”.


3- Depuis combien de temps vis tu aux Etats Unis et pourquoi avoir choisi ce pays pour y vivre ?

J’ai immigré aux USA en 1994.

Mon oncle, avec qui j’ai grandi, vivait a l’époque a Los Angeles. Je suis venu lui rendre visite en 92, et durant cette visite je suis parti pendant quelques mois sur les routes du sud ouest américain seul et en auto stop. C’est durant ce voyage initiatique que je suis tombé amoureux du pays, des gens, de la culture, et puis peut être surtout de cette vibration “sauvage” présente aux USA.
Apres ce voyage je suis rentré pour faire mon service militaire, travailler pour mettre de l’argent de coté et repartir.


Je ne suis revenu en France qu’une seule foi en 28 ans.



4- Tu as vécu plusieurs années à Los Angeles, quels sont les raisons qui ton fait déménager dans l’état du Montana ? 

Dans les années 90 Los Angeles était encore une ville hors du commun et passionnante. Economiquement parlant, mon épouse et moi avions des boulots intéressants et largement lucratifs. D’une manière générale l’ambiance était bonne et nous pouvions tirer tous les avantages de vivre a Hollywood.
Petit a petit, et pour une multitude de raisons diverses et variées, l’ambiance s’est largement détériorée, et les conditions de vies aussi. Hausse importante de la criminalité, de l’immigration sud américaine et puis surtout de la pauvreté.
Los Angeles a toujours eu un coté obscure, mais la crise de 2008 a fait basculer la ville dans un univers néfaste, insalubre et finalement invivable.

Nous avons toujours eu le désir de sortir de LA a un moment ou un autre…et donc la décision était largement réfléchie. Nous avons établi une liste d’états et de petites villes qui reflétaient nos critères et Bozeman Montana s’est imposé comme le meilleur choix pour nous.



5- Je sais que tu consacres une grande importance au domaine du médic, peux-tu nous décrire les « outils » qui composent ton « Trauma Kit » ? Et si tu devais garder qu’un seul item, lequel choisirez-tu et pourquoi ?
Je pense effectivement que l’univers du médic est une porte d’entrée solide, utilitaire et réaliste de cette intention de résilience qui anime mon travail. Apres tout, nous sommes nous les civils toujours les premiers intervenants dans les rues: malaises, bastons, accidents du travail, terrorisme ou encore accidents de la route.

Aussi, et puisque je portes une arme a feu au quotidien, il me parait important d’avoir certaines connaissances médicales et pouvoir intervenir sur moi même, une tierce personne ou même un criminel après une confrontation.

La composition de mon kit est basique. J’y intègre des gants en Nitrile, une paire de ciseaux One Shear, une petite lampe frontale, un sac plastic Ziplock de 3 Litres avec un mètre de Duct Tape et un Sharpie comme outils périphériques. 

Le noyau dur, soit la partie “hémorragie”, inclus un CAT orange fluo de génération 7, un pansement compressif de 4 pouces de chez NAR et une bande hémostatique Celox Rapid. J’y intègre aussi deux pansements occlusif Hyfin Vent et un Epipen auto-injectable pour adulte.

Si je ne pouvais avoir qu’un seul élément j’intègrerai un Pansement “JUJU”…soit une bande élastique 4 pouces avec deux bandes de gauze. Avec cet outil je peux traiter une multitude de problèmes allant d’une cheville tordue a la pause d’un pansement compressif dans le cadre d’une hémorragie. C’est le truc médic le plus polyvalent et fonctionnel tout en restant sur du PVEPP.


6- Nous nous connaissons depuis de nombreuses années (la plupart des lecteurs le savent) et nous avons même créé il y a peu de temps une compagnie ensemble, peux-tu nous donner quelques infos sur cette compagnie nommé « Station IX » ?

Station IX est la matérialisation d’un univers particulier dans lequel toi et moi baignons depuis “toujours” mais peut être sans réelle structure. C’est la baston, la protection personnelle, la culture de l’arme, la psychologie de rue, la guerre, les NPE (Non Permissive Environment) les outils historiques, le combative, le rustique, la survie…

On retrouve ces éléments ici et la mais souvent ils sont séparés par le cloisonnement systématique de certaines disciplines, notamment a l’échelle martiale. Aussi, nous nous éloignons lentement mais sûrement d’époques et d’hommes plus rustiques.

A la base, Station IX fait référence a une branche spéciale du SOE durant la seconde guerre mondiale. Cette branche était principalement responsable du développement et de la fabrication d’outils et d’armes diverses et variées pour accompagner des hommes et des femmes parachutés derrières les lignes ennemies pour des missions de reconnaissance et de sabotage.

Un truc solide et carré, mais un peu décalé par rapport a la machine militaire traditionnelle. De la rue, du clandestin, de la survie, du combative, de la roublardise, du travail seul, de la technique, des astuces, du stratégique, du civile, du flingue…



7- En 2012, tu as co-écrit « Rues Barbares », (une deuxième édition est sortie il y a quelques années), pourquoi avoir écrit ce livre et pour qui ?

Rues Barbares est la réponse a une demande assez particulière de nos lecteurs: comment fait-on pour survivre a un effondrement quand on habite en ville ?

C’est vrai que le sujet de la survie un temps soit peu “fin du mondiste” est souvent ancrée dans une stratégie non urbanisée. C’est très vite Robinson Crusoe. Il y a énormément d’ouvrages sur la survie en milieu naturel, mais très peu sur la survie en appartement avec trois gosses, un chat et mémé dans une mégapole de plus de 3 millions d’habitants.

Avec Piero San Giorgio nous nous sommes donc donné le défi de contribuer a l’ébauche de solutions pratiques pour peut être survivre a une situation d’effondrement ou d’austérité systémique en milieu urbain.

Il est d’ailleurs intéressant de voir aujourd’hui, au travers de la guerre en Ukraine, l’importance d’un tel travail.


8- Quels sont les objets de base qui composent ton EDC ?

Plus je vieilli et plus mon EDC doit être léger et compact. Si il y a toujours des outils périphériques que je peux transporter souvent dans un petit sac a dos de merde, ma base est avant tout sur ma personne.

Avant de parler Ninja et meurtre, ma base absolue reste mon portable, une paire de gants en Nitrile dans ma poche arrière gauche et du liquide. Je suis d’ailleurs souvent étonné de voir la disparition de la présence du cash comme outil de survie dans les poches de mes contemporains.

A une époque sur le blog j’avais beaucoup poussé mon concept des 3L: Lame, Lampe, Lacrymo.
J’aime toujours bien en terme de base avec la possibilité de toujours adapter les 3L selon qui on est, ou on est et ce qu’on fait. Chaque individu aura sa version des 3L, avec un choix différent de lampe, de surin et de lacrymo selon l’ambiance.
Je peux passer d’une photon a faisceau rouge autour du cou et un petit Push de chez Cold Steel a une Surefire et notre No.2 par exemple.
La Lacrymo en OC reste un outil viable quelque soit l’environnement. Ca marche sur les clébards et les clochards. En fog, j’aime bien avoir l’option de condamner un couloir de métro derrière moi ou une cage d’escaliers. Pareil si baston générale en mode “bon samaritain”…je peux juste arroser tout le monde pour faire cesser la rigolade.

Apres je suis très flingue. J’oscille entre deux ou trois outils, mais en urbain et pour du quotidien, je suis principalement sur un revolver en 22LR avec un clip intégré.

Le 43C de chez Smith reste pour moi le meilleurs outils de défense personnelle pour un civil et quand c’est pas la guerre.



9- Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?

En ce moment je suis très investi sur Station IX. Nous avons par exemple des projets assez ambitieux notamment en terme de manuels / livres.


10- Tu possèdes plusieurs cordes à ton arc dans le domaine professionnel, dont le métier de charpentier. Penses-tu que ce type de métier artisanal est-il encore pertinent aujourd’hui dans la « matrice » ou tout se règle avec un smartphone ? 

Non seulement je pense que ces métiers sont pertinents, mais je pense surtout que ce sont des métiers d’avenir.

A partir des années 70/80 le système a commencé a calculer les métiers manuels comme des métiers d’abrutis. Si tu n’étais pas bon a l’école, alors tu étais mis a l’écart sur des voies manuelles comme les CAP et les BEP par exemple. Seuls les “bons” continuaient sur les voies traditionnelles du BAC et des FACs.


Quelle violence.

Agriculteur, menuisier, mécanicien, boucher, électricien ou encore plombier sont justement des métiers intimement liés a cette intention de rusticité et d’indépendance. 






11- Quel est ta devise dans la vie ?

"Become harder to kill"


12- Après toutes ces années, tu continues de partager sur Instagram et Patreon tes recherches et ton travail dans le domaine du « survivalisme », quelles sont tes motivations ?
C’est une question difficile parce que les petites motivations qui peuvent survenir au quotidien changent selon les sujets abordés…mais je dirais que la principale motivation reste la transmission.


Contrairement a l’éducation, transmettre est un geste décisif aujourd’hui, surtout sur des sujets difficiles et interdits.


13- Pour finir cette interview, je te propose de répondre aux questions « existentielles »

- Glock 19 ou Smith & Wesson 43C ?

G19. Comme je le dis plus haut, le 43C est un outil fantastique mais dans un contexte particulier. Si je ne pouvais avoir qu’un seul flingue, ce sera un G19.

- Piles AA ou AAA ?

AAA ! Parce que PVEPP !

- Balisong ou OTF ?
Balisong. C’est le seul pliant qui ne peut pas se refermer sur les doigts.

- Potager ou poulailler ?
C’est dur. Poulailler ! Simplement parce que j’adore les animaux et surtout les poules.

- Calibre 22lr ou calibre 12 ?

22LR parce que PVEPP !

- Poule ou abeille ?
Je viens de te le dire ! Poules !

- Essence ou propane ?
J’adore le propane…mais l’essence reste le truc fondamental. Et puis tu peux faire des grenades du pauvre avec !

- Les montagnes du Montana ou les plages de Los Angeles ?
Sans aucun doute les montagnes. J’aime pas le chaud. J’aime pas le sable. J’aime pas la mer. J’aime pas les gens = la bête.

- Levis ou Carhartt ?
Levis. Parce que c’est ce que je portes au quotidien et que ca reste le pantalon qui passe partout, de la maison blanche aux bas quartier de Sierra Leone.

- Et pour conclure : cookies ou sushis ?
Cookies. Sans les petits gâteaux, je ne suis qu’un monstre.



Merci à Vol West pour cette interview.

Retrouvez le sur Instagram: https://www.instagram.com/vol_west/