« L’Amazonie est un écosystème fragile qui se dégrade rapidement en raison de la déforestation, de l'exploitation minière et de l’agriculture intensive. Elle est loin d'être inépuisable et nécessite une gestion durable pour sa préservation ».
Depuis mon enfance, je nourris une passion profonde pour la forêt amazonienne. J’ai dévoré des documentaires, des films, et lu tout ce que je pouvais trouver sur le sujet. La végétation luxuriante et la faune extraordinaire qui composent ce biotope ont toujours attisé ma curiosité et éveillé en moi un esprit d’aventurier.
Il y a une vingtaine d’années, lors d’un stage de « Protection Personnelle », j’ai eu la l’opportunité de rencontrer Éric Haffray, un vétéran des Forces Spéciales, où il a effectué une carrière de 20 ans (vous pouvez trouver une interview de lui sur mon blog). Spécialiste dans divers domaines, notamment les techniques de vie et de survie en milieu équatorial, Éric est un passionné de forêt amazonienne et y retourne régulièrement depuis des années. Avec environ 650 jours passés en jungle, il est loin des « pseudo-spécialistes » assis derrière leurs écrans à grignoter des Choco Pops.
Nous avons rapidement sympathisé et en octobre 2009, j’ai eu l’opportunité de l’accompagner pour la première fois dans les grands bois de Guyane.
Ce département français est recouvert à 97 % de forêt équatoriale et représente 1% de la surface totale de la forêt amazonienne, laquelle s'étend sur 9 pays d'Amérique du Sud. Malheureusement, cette région est souvent oubliée et mériterait d'être davantage mise en valeur.
Pour cette première aventure en jungle, mon sac à dos pesait environ 23 kg pour un séjour de 7 à 8 jours. On dit souvent que l’on « porte ses peurs », car l’année suivante, mon sac ne pesait plus que 11 kg (nourriture comprise) pour 15 jours en forêt.
C’était un rêve d’enfant devenu réalité : poser mes pieds en forêt amazonienne. J’avais une idée vague de ce à quoi ressemblait cet endroit, mais la réalité surpassait largement mon imagination. La faune, la flore, les odeurs, la chaleur, l’humidité, les rivières, les criques… tous ces éléments font de la jungle un lieu emblématique.
C’est devenu mon « terrain de jeu » favori pour tester mes outils tranchants, divers équipements, ma condition physique et mentale et surtout pour me déconnecter du monde moderne, revenir à l’essentiel, et retrouver mon instinct primaire. Après plusieurs semaines passées en jungle, il me faut toujours un temps d’adaptation pour redevenir « civilisé » et reprendre le rythme effréné de notre société, contrairement à la jungle où je vis au rythme de la nature. Après un séjour avec mon ami Arnaud ou nous avons passé plusieurs jours chez les Amérindiens Wayana, le retour en métropole fut encore plus difficile, j’éprouvais un profond dégoût pour notre société de consommation excessive.
L’Amazonie est imprévisible par sa diversité végétale, animale et son relief, qui est loin d’être plat. Elle peut être votre meilleure alliée comme votre pire cauchemar. Une chose est certaine : elle vous pousse dans vos retranchements, vous impose la rigueur et vous enseigne l’humilité. C’est un milieu naturel exigeant physiquement et mentalement, mais je n’aime pas l’expression populaire « l’enfer vert ». Cet « enfer » n’existe que lorsqu’on manque des savoir-faire essentiels pour y évoluer correctement.
Il est vrai que parfois, même avec une bonne connaissance du milieu, la frontière entre « tout va bien » et « tout va mal » est très mince. Comme le disait Pasteur, « le hasard ne favorise que les esprits préparés », mais il y a toujours une part de chance ou de malchance qui peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
Le 12 octobre 2011, dans les grands bois de Guyane, j’ai failli mourir pour la première fois. C’était le jour de l’anniversaire de mon ami Rico, alias Eric Haffray. Nous étions en jungle depuis quelques jours et pour célébrer son anniversaire, nous avions décidé de partir chasser dès 8h00 du matin. La plupart de notre équipement restait au bivouac, nous ne prenions que l’essentiel : machette, Baïkal, gourde, quart, boussole, carte, briquet, kit de premiers secours et poncho.
En saison sèche, la chaleur était étouffante cette année-là. Chaque pas dans les feuilles mortes ressemblait à une marche sur des biscottes, rendant toute discrétion impossible pour la chasse. Les heures passaient, la fatigue s’installait, et nos gourdes se vidaient sans qu’on trouve de gibier. Finalement, nous étions perdus, déshydratés et physiquement épuisés.
Après une heure de marche supplémentaire, nous avons décidé de faire une pause de 15 minutes, qui s’est transformée en une heure de sommeil lourd. En nous réveillant, la situation avait empiré : déshydratation, maux de tête, crampes, vision altérée, et perte d’équilibre rendaient la marche extrêmement difficile. Chaque pas nécessitait un effort immense pour soulever mes jambes, évitant les « racines pièges ». La perspective de devoir porter Rico, pesant près de 95 kg, en cas de blessure me hantait.
Alors que la nuit approchait, vers 16h30-17h, Rico, toujours pragmatique, m’a dit : « Mec, si dans une ou deux heures on n’a pas trouvé d’eau, on va mourir. » À cet instant, mon corps, épuisé, a laissé place à mon instinct de survie. Je me suis levé et me suis dit : « Je ne vais pas mourir ici aujourd’hui. »
Quelques minutes plus tard, nous avons trouvé une flaque d’eau stagnante. Pour nous, c’était une bénédiction. J’ai rempli ma gourde et bu un litre d’eau en quelques secondes, sans penser à filtrer. J’étais trop assoiffé pour réfléchir correctement. Après un deuxième remplissage, j’ai filtré l’eau à travers ma casquette, instinctivement. Je me disais : « Aujourd’hui, je vais boire et je ne mourrai pas de déshydratation. »
Une fois réhydratés et nos gourdes remplies, nous avions deux options : bivouaquer sur place ou continuer à chercher notre campement. Joueurs, nous avons choisi de poursuivre notre marche. Quelques minutes plus tard, nous avons trouvé une rivière familière, proche de notre bivouac. Rico a suggéré de nager jusqu’au camp, mais notre état physique nous a dissuadés.
Avant de reprendre la marche, nous avons trouvé, contre toute attente, une planche de surf au milieu de la jungle. Sans hésiter, nous nous sommes mis à l’eau, pagayant jusqu’à notre campement. Une demi-heure plus tard, nous étions arrivés.
Après une douche et un repas, nous avons célébré l’anniversaire de Rico avec une demi-bouteille de rhum, offerte par notre ami Jo. La fatigue aidant, le hamac a été le bienvenu après cette journée épuisante.
Le lendemain matin, au lever du soleil, nous avons débriefé notre aventure. Rico m’a confirmé que nous avions frôlé la mort. Je lui ai expliqué que mon mental avait pris le dessus, que je n’étais pas prêt à mourir ce jour-là, car j’avais encore des choses à accomplir. Nous avons ri en repensant aux « racines pièges » et à la peur qu’il se blesse. Ces moments, aussi difficiles soient-ils, forgent le mental et enrichissent l’expérience de terrain, surtout lorsque l’on revient vivant.
Check-list du matériels de base que j’utilise lors de mes sorties en forêt équatoriale:
PORTAGE
- Sacs à dos / Décathlon, HPA ou Overboard
- Sacs étanches / Sea To Summit
- Touque (bidon étanche)
OUTILS
- Machette
- Multitool / Leatherman Spirit
- Couteau fixe / Station IX - N7 Trail Ultra + kit de survie H24
- Scie pliante / Silky 180
ELECTRONIQUE
- Smartphone
- Montre
- Power bank
- Lampe frontale / Petzl
- Panneau solaire
NAVIGATION
- Cartes plastifiées de la zone
- Carte sur soie de la Guyane
- Boussole plate
- Boussole de poignet Suunto
- GPS / Garmin
BIVOUAC
- Tarp / Ticket To The Moon Moontarp
- Faitière / Paracord 550 Kevlar (10m)
- Piquets de tente / Fibre de verre (x2)
- Hamac / Snugpak Jungle
- Corde à noeuds / Polypropylène (x2)
- Mousqueton d’escalade (x2)
- Bâche de sol
- Sac de couchage / Snugpak Jungle
VÊTEMENTS DE FORÊT
- Pantalon de randonnée / Décathlon
- Boxer de running / Décathlon (x2)
- Ceinture / Helikon
- Chemise / Arktis ou Décathlon
- Chaussures / Salomon Speedcross ou Steppe Armée Française
- Guêtres / TurtleSkin
- Chaussettes / Décathlon (x2)
VÊTEMENTS DE BIVOUAC
- Short de running / Décathlon
- T-Shirt (synthétique) / Décathlon
- Claquettes de piscine / Décathlon
VÊTEMENTS DE NUIT
- T-shirt manche longues Mérinos / Décathlon
- Pantalon / Jogging ou kimono
- Chaussettes / Woolpower
- Coupe vent / Arktis Stowaway
MÉDIC & HYGIÈNE
- Trauma kit / pansement compressif Israélien, CAT, Epipen (x2), couverture de survie, Sharpie, aiguille de décompression, ciseaux, pansements occlusif (x2), wound packing
- Kit médic / chatterton, épingle, compresses, collyre antiseptique, sérum physiologique, crème anti mycosique, Bétadine gel, médocs divers*, pince à épiler, Strappal, seringue + aiguille, pince à tiques, thermomètre, pansement JuJu
- Trousse de toilette / savon de Marseille, brosse à dents, dentifrice, miroir, friction de Foucaud, talque,
- Serviette de bain / Sea To Summit ou Décathlon
- Papier toilettes / rouleaux compressés
- Répulsif anti moustiques / spray (à base de Deet)
- Anti paludisme / Malarone
DIVERS
- Lunettes de soleil
- Gants
- Couvre chef / casquette
- Briquet / grand briquet Bic + Exotac
- Sifflet
- Kit de survie H24*
- Scribe / Carnet + stylo
- Tripode / Joby
CHASSE & PÊCHE
- Fusil / Bïkal IJ18 synthétique cal.12/76
- Munitions
- Kit de nettoyage / chiffon + paracord 550
- Lubrificateur multifonctions / WD40
CUISINE
- Popote / Toaks 750 titanium ou Tatonka inox 4L
- Assiette pliante / Sea To Summit
- Réchaud / gaz MSR Pocket Rocket 2 ou Camping Gaz ou multi combustibles Optimus Polaris ou à combustible solide Esbit
- Décontaminent / Katadyn Micropur forte
- Spork
- Eponge inox
- Bandana
- Gourde / Nalgene 1 litre (x2)
- Filtre à eau / Sawyer Squeeze et ou Katadyn Pocket
- Gourde pliante / Source 1 litre (gourde « sale » pour la filtration)
- Grille de cuisson
ALIMENTATION (exemples)
- Petit déjeuner / muesli + lait en poudre + cacahouète + cranberries, café
- Repas du midi / viande séché (50g), Clif Bar, noix de cajou + banane séché + raisin sec
- Repas du soir / pâte Japonaise ou semoule + soupe Ryoko velouté de tomate, saucisson sec
- Gibiers et poissons divers
OPTIONNEL
- Front pack / Ribz
- Répulsif anti moustiques / Serpentins
- Lunettes de soleil pliante (back up)
- Condiments / sel et poivre
- Couteau fixe / divers
- Tabouret pliant
NAUTIQUE
- Pirogue à moteur ou canoë gonflable ou packraft
- Crème solaire en stick
- Gilet de flottaison
Ces expéditions dans les « Grands Bois » de Guyane m'ont permis de tester de nombreux équipements. Certains m'ont agréablement surpris, tandis que d'autres m'ont profondément déçu.
Parmi les bonnes surprises, le front pack de la compagnie américaine Ribz m’a particulièrement impressionné. Honnêtement, avant de l’utiliser sur le terrain, je m’attendais à ce qu’il soit inconfortable à cause de la chaleur et de l’humidité ambiante. Mais, à ma grande surprise, il s'est avéré tout le contraire. Il m’a accompagné à plusieurs reprises, et malgré l’environnement, il vieillit très bien.
En revanche, il y a quelques années, mon camarade Rico avait investit dans une paire de chaussures « spéciales jungle » d’une grande marque tactique américaine, dont je préfère taire le nom, n’a pas tenu la distance. Elles n’ont survécu qu’une demi-journée avant de devoir être rafistoler avec du fil de fer pour recoudre la semelle et tenter de les faire durer les jours restants de l’expédition.
Évidemment, je pourrais vous donner de nombreux autres exemples, mais le meilleur moyen de vraiment comprendre, c'est de préparer votre sac à dos et de partir à l'aventure pour tester par vous-même.
Merci à mon pote Rico de m’avoir appris « la jungle » et à mes amis Jo, Christian, Arnaud et Benoit avec qui j’ai passé des très bon moments dans les « grands bois » de Guyane.