dimanche 10 avril 2022

LOÏC JAURENA aka THE SHINOBI

 





1- Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Salut Tony, tout d’abord comme je te l’ai exprimé dans notre échange précédent, c’est un honneur pour moi de répondre à tes questions.
Je m’appelle Loïc, bientôt 45 ans et je travaille dans l’Informatique à Luxembourg depuis une douzaine d’années.

J’ai aussi un magasin en ligne un peu mort pour le moment mais j’essaye toujours de trouver des exclusivités ou des partenariats spéciaux (tactical-pineapplez.com).

J’ai beaucoup de centres d’intérêts mais les principaux sont la photo, les voyages et les couteaux.


2- Quel est ton parcours dans les sports de combat et les arts martiaux ?

J’ai commencé le judo très tôt et je me suis arrêté à la ceinture verte.

Puis quelques années plus tard, j’ai commencé la savate, j’en ai fait 3 ans puis du Muay Thaï pendant 2 ans environ pour ensuite m’inscrire dans un des premiers clubs de Krav Maga à Metz "Krav Maga Hadera".

Un voyage en Israel a été organisé par le club l’année suivant mon inscription et cela m’a donné envie de poursuivre et d’approfondir.

Dans le même temps, j’ai pratiqué le SMA avec Fred Touzani et Fabrice Halopeau sans finir le cursus (d’ailleurs c’est là que je t’ai rencontré pour la première fois mais j’y reviendrai plus tard).

J’ai décidé de terminer mon parcours en krav et passé mon premier dan et je suis maintenant instructeur dans mon club formateur.

Entre temps, j’ai fait plusieurs stages ici et là en Combatives, Senshido, kapap, etc…

Et plus récemment j’ai passé le grade d’instructeur (yellow patch) en "Libre Fighting" chez nos voisins hollandais.


3- Nous nous sommes croisés et entrainés sur quelques stages de « Protection Personnelle » qui avaient pour thème commun « le couteau ». Quels sont tes intérêts concernant l’utilisation de cet « outil » ? 

En effet, comme mentionné précédemment, mon premier stage réel sur l’utilisation du couteau s’est déroulé à Reims avec toi comme instructeur et JY qui encadrait. Cela m’a beaucoup plu.

Pour répondre à ta question, depuis l’enfance je suis fasciné par les lames. Il y a comme une attraction irrépressible. Mon univers d’adolescent a beaucoup évolué autour du Japon féodal, les samurais, les ninjas. Cela m'a fortement influencé et mon père m’a offert un couteau très tôt. Je m'en rappelle encore, l’équivalent d’un mini Buck avec un étui en cuir. Depuis, j’ai toujours eu un couteau dans la poche.

En balade, en forêt, pour aller manger chez des amis, j’ai toujours vu le couteau comme un outil polyvalent au-delà d’une arme et je les collectionne depuis mon enfance.

Et puis en prenant de l’âge et avec l’expérience, je me suis dit qu’il est toujours important de bien savoir utiliser et maîtriser un outil. 

J’ai donc commencé à lire, à apprendre par moi-même et je suis passé à l’étape supérieure en intégrant des stages un peu partout afin de me former.

Ces dernières années, j’ai passé encore un cap en me formant comme instructeur "Libre Fighting" et en essayant d’autres approches que nous avons pu expérimenter ensemble (je pense à Shivworks avec Craig Douglas entre autre).

C’est à noter que depuis que je suis familier de certaines techniques, je prends beaucoup moins fréquemment une lame avec moi.

NB : nous savons tous les 2 qu’au-delà de l’outil, c’est l’intention qui compte et que l’on peut toujours trouver une arme par destination.




4- Tu es instructeur chez « Libre Knife Fighting System », peux-tu nous en dire plus sur ce concept ?

Le LKFS a été créé par Scott Babb. 

Il y a certaines influences des arts martiaux philippins mais aussi beaucoup du vécu de Scott. Sans rentrer dans les détails c'est un système basé sur le couteau qui se mixe très bien avec d'autres disciplines et qui peut aussi s’appliquer de manière moins létale.

J’apprécie beaucoup le coté non conventionnel et très direct ainsi que la simplicité des bases. Ensuite il y a beaucoup d’apport personnel et chaque pratiquant bougera de manière différente.




5- Je sais que tu es un amateur de couteaux, peux-tu me donner ton top 10 (fixe et folder confondu) ?

Holala mais quelle horrible question. Je plaisante, je vais essayer de répondre mais tu sais à quel point ma collection est étoffée alors c’est très compliqué.

1/ Williams Blade Design  HZM (fixe)

2/ Récemment acquis : le Spyderco P’kal (pliant) - design du boss Craig Douglas

3/ Tracker Dan Guadana (fixe) - design de Ed Manifesto

4/ Kopis Lvia (fixe) - design de Ed Manifesto  (une itération du "fruit knife")

5/ Le Min de Lew Modus (fixe)

6/ Extrema Ratio Fulcrum II (pliant)  - un cadeau de mon frère de retour d’Afghanistan

7/ Eric Kramer The Grinch (fixe)

8/ Un « Clinch pick » fabiqué par un artisan allemand (fixe) - super compact

9/ Bastinelli BBR2 (pliant) - fabriqué par Lionsteel - le pliant parfait pour moi

10/ Un truc complètement dingue : le Manifest Bowie de Turner CNC (fixe) - Un espèce de monstre géant.

Je pourrais continuer longtemps ou changer cinquante fois d’avis mais le numéro 1 sera toujours le Williams.

Pourquoi ? Polyvalent et le manche est parfait dans toutes les prises.

Et c’est un design moderne et parfaitement maîtrisé basé sur les kaikens japonais.




6- Que penses-tu des couteaux avec un profil de type « Pikal » ?

Je suis un grand fan des Pikal.

D’abord le design et puis le coté primal, griffe de grand prédateur (ou de velociraptor).

J’ai découvert le Pikal il y a quelques années déjà via le Clinch Pick de Craig « Southnarc » Douglas. 

Je me suis renseigné, j’ai parcouru des forums, des videos de Shivworks et j’ai commencé à me procurer différents modèles. 

J’ai la chance d’avoir une belle collection maintenant.

D'ailleurs le Skeleton que tu m'as fait est une de mes plus belles pièces. Je te remercie pour ce tsuka maki en cuir qui est peu commun sur ce modèle.

C’est parfait pour les techniques de Libre ou de Piper.

Mais bien-sûr il y a un mais, le coté utilitaire et la justification du port sont nuls.
En effet, à l’instar du karambit, il y a peu de doutes sur la vocation d’une telle lame et donc ce ne sera pas mon premier choix, dans la vie de tous les jours je précise.

Cependant, une fois certaines techniques assimilées, c’est très maniable et ça fait des ravages.


7- Tu es sur le point de finaliser la mise en place de ton futur club en tant que représentent « Libre Knife Fighting System », peux-tu nous donner quelques infos ?

Oui, j’ai décidé de monter mon propre club pour pouvoir sélectionner moi-même les pratiquants, ne pas être tributaire d’un autre club ou d’une autre structure.

Il n'y pas d’intérêt lucratif ici, il s’agit principalement d’un groupe d’étude et de pratique de "Libre Fighting", mais dans lequel je vais essayer d’apporter d’autres choses basées sur mes expériences et mes observations.




8- Je crois savoir que tu es amateur de belles photos en milieu urbain et que tu fais toi-même pas mal de clichés lors de tes voyages. Que recherches-tu à immortaliser et à interpréter dans ce travail d’image ?

Je suis passionné par la photo, au moins autant que par les couteaux.

J’ai toujours aimé figer l’instant et me rappeler de ce que je pouvais ressentir à ce moment-là. J’ai toujours fait beaucoup de photos de voyage, de street art, d’urbex et plus récemment je prends plaisir à photographier les gens et figer leurs expressions pour les observer par la suite et imaginer ce qu'ils pensent ou ressentent. 

C’est une passion profonde et cela permet d’immortaliser ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti et ce que j’ai pu penser.

C’est comme une page de livre écrite pour chaque photo prise.


9- Quelle est ta routine de training sur une semaine ?

En général je donne minimum un cours par semaine. Donc je fais l’échauffement, le renforcement musculaire, le sparring, etc… Et je participe à d’autres séances en tant « qu’élève » (parfois 2 ou 3 fois par semaine).

En dehors de ça, poids de corps, de la corde à sauter, du "Libre Fighting" sur mon BOB (mannequin d’entraînement) et je fais du tir sportif une fois par semaine.

Et aussi beaucoup de marche et de la course à pied. J'ai la chance d'habiter tout prêt des bois (et de vieux forts) et je passe des heures considérables là-bas, surtout dès qu'il y a un rayon de soleil. Je ne pourrais pas me passer de la nature.


10- Quels sont les outils qui composent ton EDC ?

Mon téléphone, mes clefs, mon porte carte, une lampe, un  briquet et un cyclone stick (la base).

Et en plus, un outil en G10 fait par un de mes fabricants favoris "Black Triangle Group" ou "Lotactical" et parfois une petite lame.

Ensuite tout dépendra de la situation, de ce que je vais faire, ou je vais, etc…

En rando ou camping, j’aurais 1 ou 2 couteaux avec moi voire plus…


11- Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?

Je pars au Kenya en octobre rendre visite à mon frère et j’en profiterais pour faire un bout de brousse et un safari photo.

L’année suivante un gros voyage de prévu, mais j’hésite encore sur la destination.

Dans un autre registre, je prévois d’importer plus d’exclusivités tranchantes.

Et quand mon club de "Libre Fighting" sera sur les rails, probablement organiser des stages par chez moi.


12- Quelle est ta devise dans la vie ?

Rien de très extravagant : Carpe Diem.

Au fur et à mesure de ma vie et de mes expériences vécues, j’ai compris que le plus important c’est le moment présent.

Le passé est inaltérable et le futur n’existe pas encore.


13- Pour finir cette interview, je te propose de répondre aux questions « existentielles ».


- Pikal ou double edge ?

Double Edge, plus polyvalent.


- Fujifilm ou Sony ?

Fuji, pour moi cela a été une révélation.


- Apache ring ou Cyclone Sticks ?

Cyclone Stick sans hésiter, il me suit partout.


- Flaca Scapular ou chapelet de combat ?

Flaca scapular, ça me permet de transporter un petit kit.


- Pitbull ou Rottweiler ?

Bullrot (référence au streetwear des années 2000).


- Tijuana ou Rio de Janeiro ?

Tijuana.


- tag ou graffiti ?

Graffiti.


- rap ou métal ?

Les 2. Et beaucoup de Tech hardcore par-dessus.


- Westmall ou Bud ?

Westmall. A la tienne.


- Et pour conclure : Quiche Lorraine ou caviar ?

Quiche Lorraine… avec du caviar dessus. Un vrai sacrilège.



Merci à Loïc Jaurena pour cette interview.

Retrouver le sur Instagram: 0n0s3ndai