lundi 25 juillet 2022

SPYDERCO PUUKKO



La célèbre marque à l’araignée...

Cette marque américaine est reconnaissable d’un seul coup d’oeil grâce à ses designs bien marqués et à son fameux Spyderhole situé sur la lame qui permet d’ouvrir le couteau d’une seule main.

Personnellement, Spyderco est ma marque préférée pour le ratio qualité/prix de ses couteaux pliants.

Dans l’ensemble, le choix des matériaux et la qualité de fabrication est toujours au rdv et pour ce qui est des designs il y en a pour tous les goûts. Je tiens également à souligner la qualité des serrations de Spyderco qui sont pour moi les meilleurs du marché à l’heure actuelle.


Pour couronner le tout, M. Sal Glesser le big boss de la compagnie est une personne fort sympathique.

Pour anecdote, j’ai eu la chance de le rencontrer un jour grâce à Fred Perrin sur un salon (IWA) en Allemagne où nous avons échangé quelques mots. Lors de notre petite discussion, j’étais en train de jouer avec un de mes portes clés de défense et il a trouvé l’outil intéressant, du coup je lui ai offert. Quelques minutes après il est revenu avec un Spyderco Civilan, un t-shirt et une photon micro light à l’effigie de la marque et tout ça rien que pour moi. Je ne vous raconte même pas la surprise et la joie que j’ai ressenti, un vrai gosse et un super souvenir !


Revenons maintenant à notre Spyderco Puukko.

Ce modèle est le fruit d’une collaboration avec le coutelier Pekka Tuominen, ses couteaux custom sont vraiment de très bonnes qualités. Je vous invite à visiter son site internet : 

http://www.puukkopekka.com

Dans l’ensemble, la qualité de fabrication et la finition du Syderco Puukko sont au rdv comme pour tous les modèles de cette marque.


Le choix de l’acier CPMS30V permet d’avoir un pouvoir de coupe très bon, mais celui-ci est trempé trop dur (HRC) et le tranchant en devient fragile et de ce fait pas forcément facile à affûter sur le terrain (j’ai eu le droit à plusieurs « chips » sur le tranchant à la fin du protocole HPL).


Le choix de ce type d’émoutures scandinave est forcément logique pour un Puukko digne de ce nom. La géométrie et la hauteur de celles-ci en fond un Puukko polyvalent.


L’ergonomie du manche est légèrement trop saillante sur la zone inférieure ce qui est assez gênant au niveau des doigts lors d’une prise en main ferme et prolongée (contrairement aux couteaux custom de Pekka Tuominen qui possèdent une prise en main très bonne).


Le choix du bois de fer pour le manche est sympathique d’un point de vue esthétique, mais les puristes de couteaux scandinaves auraient peut-être préféré un manche en bouleau qui est le bois traditionnel pour ce type de couteau. 

Il y a eu quelques retours négatifs quand ce modèle est sorti sur le marché (manche cassé). Mais pour palier à ça, Spyderco a sorti une version avec un manche en G10 plus solide. Pour cette version en bois de fer, un talon en laiton comme la plupart des modèles custom de Pekka Tuominen aurait peut-être aidé à gérer ce problème de « fragilité ». 

Après il faut relativiser quand même, car le couteau a passé tous les tests du protocole HPL et le manche a tenu le coup sans se briser. Le bois a également cet avantage d’avoir un touché agréable et un grip intéressant quand il se patine avec le temps. Pour conclure sur la « fragilité » du manche, ce type de couteau n’a pas été développé pour recevoir des coups violents sur le talon (comme la plupart des couteaux), mais plutôt pour être utilisé intelligemment en binôme avec une hache, une scie ou un Leuku.


L’étui cuir est de bonne facture pour un couteau industriel, il possède une rétention correcte et le mode de port est typique pour ce genre de couteau. Le passant de ceinture mobile aurai mérité un bouton pression pour faciliter la mise en place à la ceinture.


Pour conclure, Spyderco a réussi à faire une belle représentation et un bel hommage aux couteaux traditionnels finlandais.

Il ne manque pas grand-chose pour avoir un Puukko industriel sympa, pas très loin derrière les versions custom de Pekka Tuominen.

Dans tous les cas une chose est sure, chacun trouvera son bonheur dans cette version industrielle du Puukko fabriquée par Spyderco ou un custom de chez Pekka Tuominen ou un simple Mora qui d’un point de vue qualité/prix n’aura pas à rougir de ses capacités sur le terrain.












* Cet article est disponible dans le magazine Survival n°27









lundi 11 juillet 2022

HEU VANG JEAN aka VAM

« Traditions et savoir-faire d’un coutelier forgeron Hmong en Guyane Française »

Lors d’un de mes voyages en Guyane française en 2019, je suis passé au village de Cacao pour effectuer une petite visite au célèbre marché local et en profiter par la même occasion pour déguster une délicieuse soupe Hmong.

Remontons quelques années en arrière…

Les Hmong sont arrivés en Guyane en 1977 comme réfugiés politiques et depuis ils ont contribué au développement de l’agriculture dans ce département français situé en Amérique du Sud.

En me baladant à pied dans le village, j’ai cru entendre au loin des coups de marteau sur une enclume… 

Je me suis laissé guider par cette douce mélodie et je me suis retrouvé devant l’atelier d’un forgeron.

Il m’invite à rentrer chez lui et nous voilà partis pour discuter d’objets qui coupent et qui piquent. Il me présente son travail qui est tout simplement comme j’aime « simple et efficace » pas de fioritures et le tout fabriqué avec des matières premières locales.

Le couteau en photo dans cet article est typique des couteaux traditionnels Hmong, nous pourrions le qualifier dans la catégorie « camp knife » avec sa lame de 30 centimètres de long pour 6 millimètres d’épaisseur au plus large et le tout forgé dans une lame de ressort. La lame est montée sur soie dans un manche en bois local, ici de l’amourette. 

L’étui est constitué de 2 parties symétriques en bois assemblées à l’aide de lianes.

Avec ses 830 grammes, nous sommes dans la catégorie « poids lourd », mais il répond parfaitement aux tâches pour lequel il a été fabriqué. Concevoir un carbet dans les « grands bois » de Guyane, débiter du bois pour alimenter le feu du bivouac, découper des gros quartiers de viande de gibier local fraichement chassé, etc…

Il est temps maintenant de vous présenter ce très sympathique et talentueux coutelier forgeron Hmong qui m’a accueilli une nouvelle fois chez lui en 2021 pour que je vienne récupérer mon précieux que vous pouvez admirer en photos dans cet article.

Lors de la réalisation de ce couteau, Jean a pris le temps de faire des photos pour illustrer certaines étapes de la fabrication. Merci à lui car ce n’est pas toujours la chose la plus sympa à faire pendant que l’on fabrique un couteau.


1/ Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Heu Vang Jean (Vam) , Hmong originaire du Laos. Je suis arrivé en 1977 en Guyane avec ma famille à l’âge de 2 ans. Nous habitons à Cacao. Je suis agriculteur et je forge par passion.


2/ A partir de quel âge as-tu eu cette passion pour les couteaux et à partir de quand as-tu commencé à fabriquer tes propres lames ?

J’ai toujours vu mon père forger. Enfant, je devais l’aider, le soufflé manuel m’était dédié ! La forge, c’était quelque chose de désagréable et je ne m’y intéressait pas. En 2001, la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Guyane contacta mon père pour lui proposer de présenter la coutellerie Hmong à la Foire de Paris parmi les autres artisanats ethniques de Guyane. Mon père ne parlant pas bien le français, il me demanda de le remplacer. J’ai alors dû m’entrainer 6 mois à l’avance pour connaître les produits et les techniques de forge. C’est en pratiquant que ma passion est née.


3/ Quelle est ta vision générale pour un couteau, il doit répondre à quels critères ?

Pour moi, un couteau doit d’abord être fonctionnel et répondre à son usage : travailler aux champs, couper du bois, dépecer du gibier, construire des abris. Equilibre, tranche et robustesse avant tout !

Je suis aussi un peu maniaque sur les finitions, je porte quand même beaucoup d’importance à l’esthétique.


4/ Il existe quelques variantes de couteau Hmong que ce soit au niveau de la forme de la lame et du manche, peux-tu nous donner plus de détails ?

Il existe deux silhouettes différentes de couteaux Hmong : le couteau mâle qui a le dos droit et le couteau femelle qui a le dos bombé/cassé.  A part ça, l’aspect des couteaux varie en fonction du forgeron : manche en fer, manche en bois, pointe plus ou moins courbée...


5/ Je crois également que tu fabriques une version plus petite en gardant le même design ? Pourquoi cette version ?

En effet, je fais des couteaux de plus petite taille. C’est une demande des visiteurs qui en avaient une autre utilité : ils souhaitaient un couteau plus portable, pour la cuisine ou comme souvenir.


6/ Tu forges tous tes couteaux, quel type d’acier utilises tu en général et quelles sont les autres matières premières que tu utilises pour la réalisation de tes lames et de tes étuis ?

Les lames sont forgées à partir de lames de ressort ou de guides de tronçonneuse. Le manche est taillé dans du bois brut local. L’étui, quant à lui, est fait à partir d’un bois local qui ne bouge pas (Wapa de préférence) et maintenu à l’aide d’un tressage de lianes.











7/ Je sais que tu fonctionnes beaucoup aux bouches à oreille pour tes commandes. Mais ton travail mérite vraiment d’être plus connu, alors pour 2022 tu penses nous faire une petite page Facebook ou Instagram pour nous présenter tes belles lames ?

C’est une idée intéressante. J’avoue y avoir déjà pensé. Mais j’ai déjà beaucoup de demande et je tiens à ce que cette activité reste une passion et non un travail à temps plein !


8/ Pour finir cette interview, je te propose de répondre aux questions « existentielles ».


- Forge à gaz ou forge à charbon ?

Forge à charbon

- Marteau ou enclume ?

Marteau

- Machette Brésilienne Tramontina ou couteau Hmong ?

Couteau Hmong

- Coq de combat ou lapin de garenne ?

Coq de combat

- Rhum ou bière ?

Rhum

- Guyane ou métropole ?

Guyane

- Et pour conclure : Soupe Hmong ou poulet boucané ?

Poulet boucané


Merci à Jean Heu Vang pour cette interview.

Contact email: hawj_jean@hotmail.fr

*Cet article est disponible dans le magazine Survival n°36